Randonnée dans la boucle du Mouhoun

« Capitaine Ibrahim Traoré, président de la transition, « Solenzo kanw bi fora kossebe i walegnuma lon »1»

Après notre départ de Solenzo, le lundi 21 février de l’an 2022, par les brousses des villages Daboura et Denkenè pour traverser le fleuve Mouhoun, à pirogue pour rejoindre Ouarkoye , puis Dédougou et rejoindre Ouagadougou , c’est le mercredi 18 octobre 2023 que nous avons pu y remettre les pieds sur le sol de Solenzo, chef-lieu de la province des Banwa , région de la Boucle du Mouhoun.

Parti de Ouagadougou pour Bobo-Dioulasso le lundi 16 octobre 2023, où nous avons passé une nuit, c’est le mardi 17 octobre que nous avons pris un mini-car pour Solenzo. A la sortie de Bobo -Dioulasso, jusqu’à Kondoungou, pas d’inquiétude, car les Forces de défense et de sécurité (FDS) sont bien présents sur la nationale 29.

C’est à partir de Koundougou que notre peur commence, sur l’axe Koundougou, Djontala, Kourmani, Kouka, Gnassoumadougou et Siguinoghin à cause de l’insécurité. Après le dernier village, nous signalons au chauffeur que nous allons descendre à Titao. C’est un quartier de Siguinoghin â 5 kilomètres de cheval.

C’est là que notre mission doit commencer. Nous sommes ensuite dans la famille Ouédraogo et sommes bien accueillis. Un étranger de surprise est là. A notre descente du mini-car qui nous transportait, nous nous dirigeons dans la concession de notre hôte. Il est 17 h 15. C’est la période des récoltes.

El Hadj Salifou Ouédraogo était « dans ses baobabs», comme d’habitude. Des enfants courent le prévenir qu’un étranger est là. Sans tarder, il rentre aussi vite.

 » Mon fils, soit le bienvenu. Quelle surprise pour moi de te revoir. De l’eau pour toi. Fais comme d’habitude, tu es chez toi. Pour moi, c’est un honneur. Comment s’est passé ta traversée? Bien j’espère ! Tu nous as beaucoup manqué. J’espère que madame et mes petits enfants vont tous bien et vont à l’école. Ici, comme tu le sais depuis un certain temps, la situation sécuritaire s’est dégradée. Plus de réseau téléphonique, pour avoir du carburant il faut aller à Solenzo , ça aussi en passant par le commissariat pour avoir un bon pour passer à la pompe.

C’est le calvaire. Des villages ont été déguerpis, certains cultivateurs n’ont pas pu cultiver. Mais nous remercions le bon Dieu pour l’air que nous continuons de respirer jusqu’aujourd’hui », nous raconte El Hadj Salifou Ouédraogo, l’homme aux centaines d’hectares de baobabs au Burkina Faso. Rappelons que c’est à partir de 1968 qu’il a commencé à planter ses baobabs. Sur le site de Siguinoghin et sur une superficie de 14 hectares, en 2021, il totalisait 36 300 plants de baobabs dont certains donnent déjà des fruits et, près de 87 hectares de baobabs et manguiers sur deux sites différents dans le Sud-Ouest. Il possède une pépinière de baobabs que l’on peut planter sur une superficie de 300 hectares. Actuellement, il expérimente deux hectares de « tamaro » avec  350 pieds par hectare. Par an, selon lui, seulement sur le site de Siguinoghin , en trois récoltes , il peut totaliser plus de 3 000 000 F de bénéfice. El Hadj Salifou Ouédraogo ne se limite pas seulement à la plantation des baobabs. Avec sa famille de plus d’une soixantaine de personnes, il est aussi un grand producteur de maïs, sésame, rachides, riz, sorgho et de niébé. Il est aussi un grand éleveur de bétail et de volaille.

Après notre douche, nous voici avec plusieurs plats de repas. Du tô à la sauce baobab, de la soupe de poisson, du poulet, du riz sauce, de spaghetti, des œufs cuites de pintade et plusieurs mets bien garni pour l’étranger de surprise que nous sommes. Durant toute la nuit, le vieux El Hadj Salifou Ouédraogo (82 ans), a passer tout son temps à nous faire des bénédictions en récitant les sourates du Livre Saint (le Coran), passant par la prière.

A notre réveil après une douche, le salon est encore bien garni pour le petit-déjeuner. Notre reportage commence à 8 heures du mardi 17 octobre 2023. Après lui avoir expliqué l’objet de notre venue, car mandaté par Jean Victor Ouédraogo, chargé de la communication de la  primature, concernant l’édition 2024 du Salon International de l’agriculture, de l’environnement et de l’élevage (SIAEL ) qui se déroulera du 20 au 24 février 2024 dans la commune de Komsilga.  

Après toute une journée passée ensemble, c’est à 16 heures que nous nous sommes quittés dans une ambiance bon enfant pour Solenzo.

Capitaine Ibrahim Traoré, Solenzo » kanw bi fora kossebe i walegnuma lon« ( 1)

Nous sommes à Solenzo à 16 heures 30 minutes. Nous traversons la ville pour notre pied à terre. De gauche à droite, tout semble avoir changé sous nos yeux. La ville est peu animée. L’ambiance que nous avons connue entre 2012, année où nous sommes arrivés dans cette localité,  jusqu’au 21 février 2022, date de notre départ pour Ouagadougou, pour des raisons de sécurité, n’est plus la même.

Le constat est que Solenzo revient de loin et rentre dans l’histoire des localités où les terroristes ont fait parler d’eux. La ville panse ses plaies sans tambours, sans grelots. La vie reprend tout doucement. Partout, il y a des FDS pour la sécurisation des personnes et des biens. Le nettoyage se fait de jour comme de nuit. La patrouille est sans cesse.

Des combattants prêts à sauver ou périr, Kalachnikov en bandoulière et prêtes à cracher du feu sur l’ennemi.

Les écoliers du primaire et les élèves du secondaire portent en bandoulière leurs sacs d’écolier au dos. L’administration est de retour. C’est l’enthousiame, mais, sur leurs visages nous lisons toujours la peur, car ils en portent encore des séquelles. Les rues, les maquis, les dolodromes  peinent à retrouver leur ambiance d’antan. Pas d’électricité depuis janvier 2023.

Solenzo grouille d’un bon monde de déplacés internes. Dissankuy, un village situé à 2 kilomètres, est encore inaccessible. La population de plus d’une dizaine de villages à été accueillie à Solenzo. Presque la moitié des paysans n’ont pas pu cultiver leur champ. «Nous sommes tous devenus des fonctionnaires sans salaire  » , plaisante un cultivateur. Le grenier est vide. Tout est devenu cher sur le marché. C’est la résilience totale. Mais, la population a l’espoir d’un lendemain meilleur. Elle compte sur le jeune Capitaine Ibrahim Traoré et ses hommes pour libérer totalement la province des Banwa en particulier, et le territoire burkinabè en général. Les Volontaires pour la defense de la Patrie (VDP), appuyés par les FDS, sont à saluer.

Mais, un effort doit toujours être fait. L’axe Solenzo, passant par Dissankuy , Daboura ,  Dio , Sanaba ,Founa , Dédougou, est toujours sous contrôle des terroristes. De même, celle de Sanaba – Nouna, Sanaba – Lèkuy .

Pour rejoindre Solenzo à partir de Dédougou, il faut passer par Bobo-Dioulasso. Chose pas facile pour les usagers. Les transporteurs reliant Ouagadougou-Dédougou-Solenzo ne diront pas le contraire. La compagnie de transport reliant Ouagadougou-Dedougou-Solenzo, dont le seul départ bouge à 6 heures, arrive souvent à Solenzo à 23 heures, ou bien le lendemain à 10 heures en cas de panne.

1: « Les habitants de Solenzo te disent merci et te sont reconnaissant »

David Demaison NEBIE

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