Les Winye font partie des populations qui vivent dans la zone sud-soudanienne. Leur territoire s’étend à mi-chemin entre les régions occidentale et centrale du Burkina Faso, entre les 11e et 12e degrés de latitude et les 2.30 et 3.30 degrés de longitude ouest, sur la rive droite de la Volta Noire (Mouhoun).
Les Winye sont essentiellement des agriculteurs, qui cultivent pendant la saison humide des cultures vivrières (mil, maïs, arachide, haricot) et, depuis les 1970, le coton comme culture de rente. Au niveau linguistique, le Winye fait partie du groupe Gurunsi et est particulièrement proche des parlers sisala (isala ) et pougouli (phwo). Dans leurs échanges linguistiques avec leurs voisins mossis et peulhs, les Winye utilisent le Dioula, langue véhiculaire du carrefour Mali-Burkina-Côte d’Ivoire. Les Winye sont au nombre de 20 000 environ, répartis dans 18 villages. Boromo, qui est le village Winye le plus connu, est à mi-chemin sur la route qui relie les deux plus grandes villes du pays (Ouagadougou et Bobo-Dioulasso). Chef-lieu de préfecture, Boromo est composée d’une communauté pluri-ethnique formée de Mossi, de Dagari islamisés (Dagari-dioula) et Winye.
Depuis le XIXe siècle, elle est dominée politiquement par les Mossis. Le village de Wibõ, où nous avons mené la plupart de nos recherches, est situé dans la partie méridionale du pays Winye. Il est formé de plusieurs groupes de descendance patrilinéaires. Le village est sous l’autorité du lignage Yao, qui est scindé en deux lignées ( jimisorobõ et bunjebõ ).
Deux petites communautés peulhs et mossis vivent sur le territoire du village et sous son contrôle. C’est parmi les aînés des deux lignées Yao qu’on choisit le chef traditionnel, le « Inu », qui est toujours le plus âgé des hommes valides. La lignée jimisorobõ fournit le chef de village, imposé par le colonisateur français et a été remplacé en 1984 par un délégué des comités de Défense de la Révolution (CDR), entretemps.
Le Inu, qui est à la fois un chef de terre, chef de pêche, chef de guerre, chef politique et un maître de la pluie, est assisté dans toutes ses fonctions par un conseil des anciens, formé de membres des deux lignées du lignage dominant, les « fel : a ma » ( » Organisateurs « ). Par extension, ce nom est donné à tous les responsables d’associations (Groupements villageois, associations culturelles…). Dans les situations de conflits entre communautés (ou traditionnellement de guerre) le Inu et le chef de village sont assistés par des guerriers, les « kādabiri » (sing. kādabie, » fils de la fierté ‘ ).
David Demaison NEBIE
Source : Droits et Cultures