Halte à nos divergences politiques et ethniques, sauvons ensemble notre mère patrie qui se meurt !

Pour conserver intact le patrimoine de nos ancêtres, nous devons d’abord apprendre à nous connaître nous-mêmes, découvrir notre origine et notre histoire. Comme nos ancêtres l’ont dit,  » Celui qui nait et qui ne connaît pas son histoire est un arbre sans racines. Mais celui qui meurt et qui ne dit pas son histoire à ses fils et filles, est un arbre sans branche. Et celui à qui son histoire est signifiée et qui vit sans la cultiver est un baobab planté au milieu d’un village qui ne donne ni ombre, ni sauce« .

Apprenons donc à connaître notre histoire pour transmettre la vie, une vie de fraternité et de paix ! Que ceux qui entendent ce message ne restent pas sourds et aillent proclamer la connaissance de la fraternité, qui se construit dans le dialogue et le respect mutuel. Que celui qui vient du Nord, du Sud, du Centre, de l’Ouest et de l’Est du Burkina Faso, ensemble, chantons l’Hymne de la paix, de la réconciliation. Pour dire, in fine, que nous sommes des poussins d’une même cage, et même quand on se béquette, respectons nos yeux et nos plumes.

Vu le retard qu’accuse notre pays, nos villes et villages du Burkina Faso, du point de vue développement intégré, avec cette vague de terrorisme par-ci et par-là, donnons-nous la main, mettons la main à la pâte comme au temps de nos ancêtres qui s’organisaient à ouvrir des champs collectifs entretenus entièrement par eux-mêmes pour faire face au sous-développement.

Jeunesse burkinabè de villes et campagnes, prenez le bon exemple de vos aînés d’il y a plus de 30 ans, qui n’étaient pas en reste, car leur dynamisme était réel. Si nous disons tout cela, c’est que nous constatons qu’au fur et à mesure que les partis politiques apparaissent, les efforts de la jeunesse actuelle tombent car les partis politiques se transforment en dictature d’État, laissant sombrer notre chère mère patrie dans un marasme total.

Le fondateur du Burkina Faso n’est pas un Européen. Ce sont nos ancêtres venus de divers horizons du continent africain. Ainsi furent érigés les différents villages qui composent le Burkina Faso, de purs Burkinabè. La coutume veut que les premiers occupants d’un village en soient les propriétaires, des Nobles. Les autres étant considérés comme des étrangers, des Roturiers. Mais nobles où étrangers, nous sommes tous les fils du Burkina Faso, nous héritons du même patrimoine et portons au même titre la responsabilité de notre commun destin. Or, nous nous engageons actuellement sur une pente glissante et nous devons dire, « Halte- là ! ».

L’émulation entre nos divers villages, quartiers, partis politiques, ethnies, armée, jeunesse, la population civile, le voisinage et bien d’autres, se transforment de plus en plus en rivalité, et celle – ci atteint un summum du degré de l’intimité.

Nous devons désormais nous comporter comme des moutons d’une même bergerie, qui entrent par la même porte et qui en sortent par la même. Faute de l’avoir compris à temps, les pères de nos pères l’ont payé cher.

Anecdote

Autrefois, un grand village, alors peuplé de plus de vingt mille âmes, qui faisait trembler tout le pays, est aujourd’hui réduit à sa plus simple expression.

Quand l’on se rend à la chasse où aux champs, l’on constate les ruines des quartiers démolis, ainsi que les vestiges des hauts fourneaux où nos métallurgistes fondaient le minerai pour extraire le fer pour nos armes et nos outils. Ce gros village était une fierté par ses splendeurs et sa puissance. Mais quelle puissance ? Une puissance sans âme, car l’âme de la puissance, c’est la solidarité.

Car l’ennemi est arrivé, innombrable comme des grains de sable, armé jusqu’aux dents. Le village fêtait. Les drapeaux flottaient sur les maisons. L’on dansait, les anciens buvaient l’hydro-miel et l’on s’adonnait aux plaisirs sensuels. Le quartier extérieur, à l’ouest fut attaqué. Il refusa d’alerter les autres. Il se croyait capable de repousser seul l’assaillant et de se couvrir d’une gloire égoïste. L’ennemi le brûla et passa au suivant. Celui-ci n’alerta personne.  » Nous sommes des hommes et non des femmes, dirent les habitants. Nous n’appellerons pas au secours« . Ce village tomba aux mains de l’ennemi. Aux alentours, on continuait à danser, boire, courtiser les femmes, ce qui était d’un mauvais présage, car au moment où le danger rôde à la porte, l’homme doit fuir le flirt. Lorsqu’enfin on prit conscience du péril, les deux tiers du village était  » cassés « .

Revers de la médaille

Alors le tam-tam résonna. Tous les hommes valides sortirent avec leurs arcs et carquois, leurs terribles couperets au fendant infaillible qui feraient sauter les têtes téméraires, leurs fusils à pierres. Les flèches sifflèrent. Les femmes se saisirent de pilons et de haches. Il y eut des hurlements, des cris d’horreurs, et des chevaux abattus. L’envahisseur jonchait le sol en cadavres, en retour. En moins d’un jour, il fut balayé. Le nombre de nos héros se multiplia, car nombreux furent ceux qui avaient  » coupé des carquois « , c’est-à-dire, tué des ennemis et arraché des trophées.

Mais le village était presque  » fini« . Elle ne comptait plus que sept mille âmes à peine. Pendant des années, nos ancêtres pleurèrent leurs morts et maudirent l’insouciance. En souvenir de cette catastrophe de notre histoire, ils décidèrent que la devise du village se résumerait en seul mot :  » mortalité « .

Peuple burkinabè, tirez la leçon de cette triste histoire. Nous recevons toujours des attaques des forces du mal. Donnons-leur l’exemple de notre agissante solidarité, de la dignité et de l’honneur. Nous sommes presque  » finis « , mais nous devons conserver intacte, sinon grandie, la réputation qui fut celle de nos ancêtres, alors, « Répondez au chant du coq ! ».

David Demaison NEBIE

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