Lors de la clôture de la 7 ème édition du Salon international de l’agriculture, de l’environnement et de l’élevage (SIAEL), samedi 24 février dernier, nombreux étaient les acteurs du monde rural qui se sont illustrés dans le domaine de l’agriculture, de l’environnement et de l’élevage et qui ont été primés.
Parmi ceux-ci, dans la catégorie prix officiels de l’élevage, le « Kûuri d’Or » est revenu au plus grand éleveur du Burkina. Il totalise, tenez-vous, bien plus de 23 075 000 têtes de bovins, sans compter les caprins, ovins et volaille, cela dans 05 pays voisins.
Passionné d’élevage, il exerce le métier avec amour à Kamboinsin, un quartier de la commune de Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Son cheptel s’étale à 15 000 têtes de bovins dans son pays d’origine. En Côte D’Ivoire, c’est 14 622 000 têtes de bovins. Au Bénin, 7 044 000 de têtes de bovins, au Togo, 2 620 000 têtes de bovins et, au Ghana, 1 132 000 têtes de bovins.
Lassané Sawadogo est lauréat de plusieurs prix et reconnaissances, dont le Prix panafricain du développement (PADEV 2014). Ce prix et diplôme du mérite et l’excellence lui ont été décernés comme meilleur promoteur africain de la filière bétail pour ses actions de développement hautement salutaires en faveur de l’Afrique. Il est aussi détenteur de plusieurs décorations en Ordre du Mérite du développement rural, en Ordre du Mérite du commerce et de l’industrie, ainsi que plusieurs attestations de participation à des événements, tels que à la 16ème édition de la Journée nationale du paysan (JNP).
« Pour être un grand éleveur, il faut aussi être un grand agriculteur !»
Pour Lassané Sawadogo, que nous avons rencontré mardi 12 mars dernier, dans sa ferme de Kamboinsin, ce n’est pas d’avoir des milliers ou des centaines de têtes de bovins, caprins, entre autres, qu’on dit qu’on est grand éleveur. Même avec une tête de mouton ou de bœuf, on est grand éleveur.
Selon lui, pour être un grand éleveur, il faut aussi être un grand agriculteur. Capitaine de l’armée ayant pris sa retraite en 2002, il pense que ce n’est pas parce que l’on est à la retraite qu’on ne doit plus travailler, mais c’est lorsqu’on est à la retraite qu’on doit travailler dur, pour mieux vivre sa retraite.
Il confie que » Je suis né trouver l’arrière-grand-père de mon père, le grand père de mon père et mon père, tous furent des travailleurs. L’œuvre que je poursuis aujourd’hui, je suis né trouver cela. C’est l’œuvre de mes grands-parents que depuis 1976, mes frères et moi améliorons.
Nos grands-parents ont été de bons nomades. Du Burkina Faso au Ghana, de la Côte D’Ivoire au Bénin, du Togo au Kenya, ils ont fait paître leurs troupeaux. Voilà pourquoi ils ont eu des terres cultivables dans ces pays que nous, fils, arrières petits-fils, nous exploitons jusqu’à nos jours sans difficultés. »
Son père, Mahoumadi Sawadogo dit « Noraogo », fut un grand ami de Feu le président Nanan Félix Houphouët Boigny, de la Côte D’Ivoire.
Lassané Sawadogo explique que pendant les grandes cérémonies, son père a toujours apporté un soutien en bétail et en vivres à celui-ci.
Il défie quiconque qui pense qu’il ne dit pas la vérité, car les chiffres de ses bovins, caprins, ovins et volaille proviennent des agents de l’élevage des 05 pays ci haut cités.
Selon lui, si c’était à un Européen qu’on donnait ces chiffres, tout de suite l’on allait y croire. Mais « l’œuvre que je continue est une œuvre de plus d’un siècle et demi. Je ne fais pas seulement de l’élevage. Je pratique l’agriculture aussi, avec un rendement plus de 45 000 tonnes de céréales, tout confondu, par an. Je produis aussi de l’engrais. Je fais un chiffre d’affaires de plus de deux milliards et demi par an, rien qu’avec la vente de mes bovins », raconte Lassané Sawadogo.
Humblement, il confie qu’il n’est pas riche. « Il y a plusieurs familles et villages auxquels je viens en aide pendant et avant la période de soudure, sans compter la scolarité de centaines d’enfants et la prise en charge de centaines de personnes pour leur santé. Je n’aime pas me glorifier et chanter comme un coq pour réveiller un village endormi. Je mange la même nourriture dans la même assiette que ceux qui m’entourent et nous buvons dans le même verre. Je fais le même travail que ceux qui travaillent avec moi. Il m’arrive de ramasser les déchets, de soulever des sacs de tourteaux ou de sel sur la tête, ou avec la brouette. Chez moi, il y en pas d’enfant ni de femme de patron. Si mes défunts avaient cette différence, ils n’allaient pas nous laisser ce grand héritage ».
Lassané Sawadogo pense que faire travailler sa femme et ses enfants n’est pas synonyme de dire qu’on ne les aime pas, car malgré son BAC+5, il respire chaque jour l’odeur des déchets de ses animaux, et, est battu pendant l’hivernage par la pluie sur son tracteur…
Ndlr : Lassané Sawadogo nous a accordé une interview à lire dans nos prochaines éditions.
David Demaison NEBIE
lefureteur.info