Lassané Sawadogo : le capitaine agropasteur de renom

Derrière un important cheptel dans le village de Kamboinsin se trouve un homme.Il s’appelle Lassané Sawadogo à l’état civil. Après une carrière militaire couronnée par le grade de capitaine de l’armée (1978 à 2010) il est revenu suivre les pas de ses parents en exerçant le métier de l’agriculture et de l’élevage.

Nous l’avons rencontré.

Pourquoi vous êtes reconverti en éleveur pendant votre retraite ?

L. S : Je ne me suis pas reconverti en éleveur. Je suis né éleveur. Je n’ai pas choisi le métier de l’élevage. Je suis né trouvé mes parents qui faisaient l’élevage et l’agriculture. Qui dit éleveur dit agriculteur. Dès qu’on a le fumier il faut aller donner ça à la terre pour la nourrir. C’est pour cela que je suis reparti à la terre, à l’élevage et l’agriculture pour poursuivre l’œuvre et l’héritage de mes ancêtres qu’ils nous ont légué. Je vous ai déjà dit, que je suis éleveur et agriculteur. Même étant tout petit et même en fonction dans l’armée burkinabè, je suivais les traces des troupeaux de mon père, du père de mon père et de lui aussi son père.

A vous en croire, l’élevage et l’agriculture vous êtes né dedans. Et c’est le service de vos défunts arrières parents et papas que vous reprenez.

L. S : La terre ne ment pas. Dès que tu lui donnes quelque chose elle te récompense. C’est pour cela que nous fils, petits fils et arrières petits-enfants nous avons opté pour reprendre l’agriculture et l’élevage de nos papas et ancêtres partout où ils ont eu des terres pour faire paraître leur élevage en améliorant le système pour aller de l’avant. C’est aussi une manière de montrer que chaque burkinabè que nous pouvons réussir sans l’aide venant d’ailleurs. Avec ce que nous avons nous pouvons réussir. C’est nous qui pensons que les autres n’ont pas besoin de notre aide. Ils ont besoin de notre aide en agriculture et en élevage surtout en viande. Comme on le sait et on fait semblant de l’ignorer notre pays est un pays d’agriculture et de l’élevage qui contient beaucoup de ressources. Nous avons la viande de qualité et par rapport à notre sol notre herbe est très riche et nous faisons le pâturage des animaux.

Vous avez des fermes et des terres un peu partout. On peut citer entre autres la Côte d’Ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin avec un important chiffre de cheptel. Pourquoi et comment cela.

L. S : Ce n’est pas moi, qui ai des fermes agropastorales dans ces pays et un important chiffre de cheptel dans ces pays de l’Afrique. Je vous ai bien dit que ce sont mes parents. Ils sont allés dans ces pays voisins pour paître leurs troupeaux. Il fut un moment que c’était dur ici au Burkina de faire brouter et abreuver ses animaux. Donc les gens se déplaçaient avec leurs animaux ou il y a beaucoup d’herbes fraîches et d’eau. Voilà comment ils se sont un peu retrouvés partout. Nous suivons seulement leurs traces il y a plus d’une soixantaine d’années. Pour la petite histoire de leur installation en Côte d’Ivoire, par exemple, mon père, une fois en terre ivoirienne et vue son chiffre de cheptel et en agriculture, il était devenu un ami au président Houphouët Boigni. Avec ses nombreux hectares acquis pour l’agriculture et aussi pour faire paître son troupeau, chaque fin d’année, il donnait un important nombre d’animaux et de vivre à ce chef d’Etat pour faire la fête avec ses ministres et sans compter les hôtes visiteurs. Nous pouvons dire que c’est le fruit de l’amitié entre mon père et le défunt président Houphouët Boigni qui a permis d’avoir des portions de grande superficie à Bouaké, Ferkessedougou, Ouangolo, Korogho, Katiola, Bondoukou, Doropo, jusqu’à Ifassi, San- Pedro. Actuellement, je viens d’aménager un de ses champs d’une superficie de 150 hectares où j’ai planté du palmier à huile dans le village de Dabio3.

Arrivez-vous à faire le tour de ces pays pour constater de visu votre cheptel ?

L. S : Oui. Je fais le tour de ces pays pour visiter ces fermes agro-pastorales, aussi pour voir mes Peulhs. Partout où je passe, on m’appelle le Peulh. Ils ne savent pas que des Sawadogo ne sont pas Peulhs. Il y a des Sawadogo qui sont plus que des Peulhs. Par exemple, notre famille. Ce n’est ni la race où l’ethnie qui fait qu’on est Peulh. Le Peulh, pour moi, c’est celui qui a plus d’animaux et c’est celui qui élève plus que les autres.

Certaines personnes n’en croient pas à vos chiffres. Pour eux, un seul individu (personne) ne peut pas avoir 23 075 000 têtes de bœufs. L. S : Ils ont raison. Si c’était un Blanc qui donnait ces chiffres ils allaient en croire tout de suite. Mais comme c’est un Noir et surtout un Burkinabè c’est autre chose. Moi, je parle avec les chiffres des services de veterinaires et des services d’élevage. Mon cheptel s’étale à 115 mille têtes de bovins dans mon pays d’origine. En Côte d’Ivoire, c’est 14 millions 622 milles têtes de bovins. Au Bénin, c’est 7 millions 044 milles têtes de bovins, au Togo, c’est 2 millions 620 milles têtes de bovins et enfin au Ghana, c’est 1 million 132 mille têtes de bovins. Je suis lauréat du prix PADEV 2014 qui m’a été décerné comme meilleur promoteur africain de la filière bétail. Je ne vous ai pas tout dit. Je suis un Peulh et j’ai des animaux jusqu’au Kenya. Je suis un fils, arrière-petit-fils et petit fils d’un nomade. Ça ne veut pas dire que c’est les Peulhs qui sont nomades. Ce n’est non plus celui qui se déplace avec son troupeau. Certains de nos grands-pères ont immigrés au Kenya. Ils ont des terres là-bas. Nous partons pour payer des animaux au Kenya pour revenir au Burkina, plus précisément à Djibo. C’est à dire nous faisons des achats de regroupage au Kenya, en Tanzanie, au Burundi, en Ethiopie et en Erythrée pour faire le regroupage maintenant en transhumance vers Djibo.

Dites-nous, arrivez-vous à vous en sortir et comment aussi l’on peut procéder pour devenir un grand agriculteur et éleveur comme vous ?

Nous arrivons par la grâce de Dieu à nous en sortir. Parce que nous n’élevons pas seulement. Où nos animaux se couchent à chaque saison hivernale nous cultivons du maïs et d’autres spéculations. Nous pouvons faire une récolte d’environ 100 000 tonnes toutes céréales confondues, vers Korogho, Bouaké et dans les autres localités. Nous revendons une partie, le reste c’est pour notre alimentation et celui de nos animaux. Ça nous donne aussi du foin. C’est d’ailleurs, le foin qui nous fait gagner beaucoup d’argent et la richesse. Chaque saison je paye entre 5, 10 et 15 millions de foin.

Dans tous ce que l’on fait ou entreprend faire, il faut beaucoup avoir de l’amour et de la patience. Ce que je dis toujours aux gens, ce n’est pas avoir beaucoup d’animaux qui font de lui un grand éleveur. On peut avoir un animal et si on a la foi en Dieu, la patience et l’amour cela peut te faire progresser pour avoir un grand troupeau, c’est pareil pour l’agriculture. Moi, si notre héritage légué par nos parents se chiffre en millions c’est parce qu’ils étaient patients, ils avaient l’amour et ils ont su gérer et moi aussi actuellement je gère bien.

 David Demaison NEBIE

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